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xavier.bordes-transparences.over-blog.com

DIADEM

DIADEM

Si l'alpage est bien loin, j'entends encore les vaches musiciennes

d'un quatre pas rythmé marchant vers les hauteurs, parfois meuglant

à cause d'une indignation soudaine, inexpliquée ; puis arrivées

dans l'herbe douce de la crête arrondie, que frôlent les nuages

leur contrepoint commence à chaque broutée de verdure,

et d'invisibles cloches d'écho nous reviennent de l'autre vallée !

.

Ma préférée avait sur son front têtu et frisé une étoile blanche,

Sa robe tiède était brun fauve uni et ses cornes à pointes noires

attestaient de son hérédité de tarentaise ; nullement craintive,

broutant avec un petit bruit de ciseaux, elle écoutait patiemment

mes monologues de gamin et ma badine d'apprenti berger

ne l'impressionnait pas. On l'appelait Diadem, pour autant

.

que je me souvienne, et c'est un nom d'astre qui venait tout droit

d'un dictionnaire ouvert au hasard. À son cou ballait une jolie

campane cônique en airain argenté, timbre riche en harmoniques

acides et vibrants comme en bouche une tige d'oseille mâchée,

tandis qu'on regarde l'ombre des bois s'allonger sur les pentes

parfumées d'une odeur de pomme, à l'heure où le soleil décline...

.

Douceur d'un temps libre et sauvage. Le monde était minuscule

à nos pieds, hameaux jouets, bulbes brillant d'églises, brumes

au défaut d'une cluse lointaine où se perdait le ruban brillant

des eaux de la Menoge. C'était au temps où tu habitais ton poème

sans le savoir. Et chaque chose autour de toi était neuve et belle.

Et la tête cornue près de toi, d'un museau noir, rythmait l'éternité.

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